Nous sommes début novembre, une de ces journées d’automne où l’air est frais et le ciel gris. Dans notre maison, l’ambiance est tout sauf apaisante. Louka, notre adolescent de 13 ans, est dans une forme olympique… pour éviter de bouger. Cette fois, c’est la flemme de trop. Entre sa méthode bien à lui d’organiser les choses « à la one again » et son refus catégorique de lever le petit doigt, la tension monte. Une engueulade éclate. Pas le choix : on le met au défi. « Demain, on fait une balade. Tu viens marcher avec nous ! » Louka accepte, mais avec la grâce d’un chat qu’on force à prendre un bain.
Le lendemain, on commence à se préparer : Louka demande s’il peut emprunter les bâtons de marche de sa mère pour la promenade. Pourquoi pas, si ça peut le motiver. On enfile les chaussures, on prend Nala, notre Border Collie, et on met le cap sur Thon-Samson. Objectif : une jolie balade de 7,7 km avec une belle ascension pour démarrer, histoire de réveiller les muscles et les esprits.
La balade qui détend l’atmosphère
Dès le départ, la grimpette fait suer, mais quelque chose change. L’air pur, les beaux rayons de soleil, et les paysages commencent à agir comme un baume. Louka, au départ aussi enthousiaste qu’une huître devant un marathon, se détend. Maël, son frère, suit le mouvement, et même Nala semble ressentir cette énergie nouvelle. Les disputes de la veille semblent lointaines alors qu’on avance à travers des campagnes paisibles, des villages pittoresques avec leurs maisons en pierre qui semblent tout droit sorties du moyen-âge.
Ces maisons sont une invitation à la rêverie. Leurs volets colorés, leurs petits jardins débordant de fleurs d’automne et leur patine d’antan nous transportent. À chaque détour, un détail attire notre attention : une porte sculptée qui semble chuchoter des histoires, un vieux puits qui aurait sûrement des secrets à révéler, ou encore un chien du voisinage qui, truffe au vent et oreilles dressées, semble nous encourager à continuer comme un véritable coach personnel.
Vers la fin de la balade, le panorama est à couper le souffle. Des rochers escarpés surplombent la vallée de la Meuse. On est censés y voir des chèvres. Mais visiblement, elles ont décidé de poser un lapin. Nala, en véritable Sherlock Canin, sniffe partout, mais aucune chèvre à l’horizon. On plaisante en imaginant qu’elles sont cachées derrière les rochers, en train de jouer aux cartes et de rigoler de nous. Tant pis, le moment reste magique. On s’arrête pour contempler la vue, faire quelques photos et surtout, graver ce moment dans nos mémoires.
Une idée inattendue
La descente se fait dans une ambiance joyeuse. Les rires sont bien présents, les discussions s’animent. Maël sort des blagues (parfois meilleures que d’autres), Louka est bien détendu, et même Nala marche avec un petit air de fierté : un joli moment de complicité.
De retour à la maison, Louka, d’habitude plus prompt à râler qu’à complimenter une balade, lâche une phrase qui nous laisse sans voix : « Et si on faisait une grosse randonnée de plusieurs jours pour les vacances ? ».
Avec Séverine, mon épouse, on se regarde, interloqués. Louka ? Un trek ? Lui qui grogne pour chaque balade ? Et pourtant, dans ses yeux, une lueur de défi et d’excitation qu’on ne voit pas souvent. L’idée sème sa graine.
Ce moment anodin vient de poser la première pierre d’un projet qui allait nous emmener bien plus loin qu’on ne l’imaginait. Cette phrase a allumé une flamme, un mélange d’envie d’exploration, de défi familial et d’aventures partagées.
L’aventure venait de commencer.
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