La phrase de Louka, cette bombe lâchée un dimanche soir entre deux cuillères de purée, continue de résonner : « Et si on faisait une grosse randonnée de plusieurs jours pour les vacances ? ». Ce n’était pas le genre de proposition auquel on s’attendait de sa part, mais l’idée germe, s’accroche, et commence à nous séduire. Nous voilà, Séverine et moi, chacun plongé dans nos écrans, cherchant la destination idéale.
Pendant quelques jours, nos recherches prennent la forme d’une enquête parallèle : je m’immerge dans les cartes et les itinéraires, tandis que Séverine se plonge dans les conseils pour voyager avec un chien. Les conversations familiales s’orientent autour de cette idée folle : « Vous pensez qu’on verra des marmottes ? » demande Maël. « Et des ours ? » renchérit Louka. Même Nala, bien que muette, semble flairer qu’un grand projet se trame.
Le Queyras, ou l’appel de l’aventure
Quelques recherches plus tard, une région commence à s’imposer : le Queyras. Ce coin des Alpes du Sud semble cocher toutes les cases : des paysages époustouflants, des villages charmants et des sentiers adaptés aux familles. Le Queyras, c’est un peu la promesse d’une aventure grandeur nature, où la montagne se fait douce et accueillante. Louka, qui hier encore boudait à la simple évocation d’une balade, s’enflamme dès qu’on parle de sacs à dos et de bivouacs. Chaque discussion ressemble à un briefing d’expédition : Oui, le Queyras nous appelle, et tout le monde est prêt à répondre.
Le casse-tête des logements (et des chiens)
Je me plonge dans les cartes, les forums, les sites de réservation. Très vite, un problème se pose : de nombreux logements n’acceptent pas les chiens. Pas grave, on ajuste. Une étape ici, une autre là. Mais régulièrement, c’est la même rengaine : « Désolé, pas d’animaux. » Entre deux refus, on commence à rire jaune : « À croire qu’on va finir par dormir sous les étoiles ! »
Et puis, l’évidence s’impose. Si on veut partir avec Nala, il faudra tout faire en bivouac. Pas de gîtes douillets ni de refuges accueillants. Juste nous, la tente, et la nature. Le projet change d’échelle. Il ne s’agit plus seulement d’une randonnée, mais d’une véritable épopée familiale. Séverine hausse un sourcil, mi-inquiète, mi-amusée : « On va vraiment dormir dans la montagne avec un chien et deux ados ? » Oui, et on va adorer.
Topos, Garmin et soirées studieuses
Mon beau-père, véritable baroudeur des Alpes, entre dans la danse. Il nous prête une carte IGN et avec elle, un topo-guide. Ces documents, empreints de ses propres aventures, deviennent mes nouvelles boussoles.
Chaque soir, une fois la maison calme, je m’installe avec mon carnet, mon ordinateur et l’application Garmin. Les dénivelés sont passés au peigne fin, les horaires estimés avec une précision d’horloger suisse. Je lis, je modifie, je gribouille. À ce rythme, je vais finir par rêver en courbes de niveau et parler en D+.
Les réseaux sociaux sont aussi mis à contribution. Dans des groupes dédiés, je pose des questions, échange des astuces, et découvre que des familles comme la nôtre l’ont déjà fait. C’est là que je rencontre Laurie, une passionnée de montagne et de trek, qui a fait le Queyras en bivouac avec son chien. Depuis, elle s’est installée comme factrice dans la région et devient une véritable mine d’informations. Ses conseils sur les endroits de bivouac, les erreurs à éviter et les incontournables du Queyras sont précieux, et je note tout.
L’itinéraire prend vie
Après des semaines de travail, l’itinéraire est enfin là. Noir sur blanc, sur une feuille griffonnée et sur l’écran de l’ordinateur. Chaque étape a été pensée pour offrir à la fois des paysages à couper le souffle et des défis à relever. On sait que ce sera dur. On sait qu’il y aura des râleries (surtout les miennes). Mais on sait aussi que ce sera inoubliable.
Le Queyras nous attend. Ses cols, ses lacs et ses nuits étoilées. Et nous, on est prêts. Ou presque. Reste à trouver le matériel, à s’entraîner avec Nala, et surtout à embarquer tout le monde dans cette folie douce.
Car, après tout, si l’aventure commence déjà autour d’une table de cuisine, elle ne peut être que mémorable.
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