Trek en famille dans le Queyras avec un Border Collie : 6 jours, 2 adultes, 2 ados, 1 chien et plein de premières fois

Une aventure familiale, avec sac à dos et truffe mouillée

Parfois, tout part d’une phrase lancée en l’air… Cette fois, c’était notre aîné, un ado qui n’aime pas trop marcher et qui a la flemme 🙄… qui a osé dire : « Et si on faisait un vrai trek ? » Il n’en fallait pas plus pour que les yeux, d’abord interrogateur, s’illuminent, les cartes IGN s’affichent, les blogs et forums s’ouvrent et que la machine à rêver se mette en marche. Mais un trek en famille, ce n’est pas juste un défi sportif, c’est une expédition humaine. Avec deux adultes, deux ados, et une chienne Border Collie de trois ans nommée Nala, l’aventure s’annonce à la fois intense, pleine d’imprévus, de moments suspendus et, avouons-le, de petits craquages.

Objectif ? Partir six jours dans le massif du Queyras, en itinérance, avec nuits sous tente, ravitaillements occasionnels, sacs bien remplis et étoiles plein les yeux. Mais avant de vivre tout ça, encore fallait-il se préparer. Et faire les bons choix.

Préparer un trek avec des ados… et un chien

Faire un trek, c’est déjà une aventure. Faire un trek avec deux ados et un chien, ça ajoute un niveau de complexité, c’est du sport avant même de partir.

Première étape : choisir une région où les chiens sont les bienvenus. Ce n’est pas toujours évident. De nombreux espaces naturels protégés (parcs nationaux, réserves naturelles) interdisent l’accès aux chiens, même tenus en laisse. Il a donc fallu chercher, fouiller, poser des questions dans les groupes Facebook et trier les vraies infos des à-peu-près.

Au fur et à mesure, notre idée est devenue de faire le tour du Queyras en dormant en refuge ou en gîte, pour alléger le matos. Mais ça aussi, ce fut un mur : les hébergements qui acceptent les chiens sont très rares. Et avec une tribu de 4 + 1, pas question de s’éparpiller.

C’est finalement grâce à un échange sur un groupe Facebook qu’on a débloqué la situation. Une certaine Laurie, qui avait fait le Queyras en bivouac avec son chien, nous a raconté son expérience et, surtout, nous a donné l’élan pour oser la tente.

Et là, tout a changé. Car qui dit tente, dit :

  • matelas gonflables,
  • sacs de couchage,
  • réchauds et popotes,
  • sacs plus lourds,
  • et surtout une logistique bien plus complète.

Mais aussi : une liberté incomparable, des lieux de bivouac incroyables, et le sentiment de vraiment partir à l’aventure, en famille, en meute.

Récit jour par jour – 6 jours, 6 ambiances, 1000 souvenirs

Jour 1 – Premiers pas, premiers doutes ?

Départ de Château-Ville-Vieille. C’est le grand jour, après une nuit passée à proximité de Grenoble. Les sacs sont prêts, les gourdes remplies à une petite fontaine du village, les ados étonnamment motivés (et les parents, un peu plus tendus). Direction Pierre-Grosse.

L’itinéraire commence par grimper franchement à travers les bois, de quoi faire chauffer les mollets dès les premiers kilomètres. La lumière filtre à travers les arbres, l’atmosphère est encore fraîche, et les sacs pèsent leur poids. On s’arrête dans une prairie fleurie pour le pique-nique, les visages rougis par l’effort mais heureux. Plus loin, un ruisseau traverse le sentier : pause fraîcheur bienvenue.

Les paysages commencent à s’ouvrir, les vues deviennent plus larges, plus lointaines. Et soudain, un petit cri : notre première marmotte ! Elle s’affiche dans les rochers, sous le regard émerveillé de Nala et des garçons. Le Queyras nous accueille comme il faut.

Première étape de mise en route, on prend nos marques.

Nous passons la nuit au camping de Chanterane, un petit camping simple, propre et bien situé. L’ambiance y est paisible et les emplacements sont agréables. Surprise : un foodtruck propose des spécialités asiatiques sur place. Et là, moment de fou rire collectif. Alors qu’on commande quelques plats, la gérante (très généreuse) nous sert des quantités délirantes, pas toujours ce qu’on avait demandé, mais avec un sourire immense. On mange assis sur les bancs en bois, dans une ambiance détendue et joyeuse.

Jour 2 – Saint-Véran, marmottes et montée surprise

On démarre tranquillement depuis Pierre-Grosse, après une nuit agréable au camping. Le sentier grimpe progressivement vers Saint-Véran, un des plus beaux villages de France. C’est une véritable immersion dans l’architecture traditionnelle du Queyras : cadrans solaires peints sur les façades, fontaines anciennes dans chaque quartier, ruelles pavées… et une ambiance hors du temps.

Les marmottes sont nombreuses ce jour-là, peu farouches. Maël en immortalise une à moins d’un mètre ! On prend le temps de traverser le village, de faire quelques pauses aux fontaines, de contempler les toits de bardeaux. On tente aussi un petit ravitaillement avant de quitter la civilisation, mais rien n’est simple : les magasins ferment sur le temps de midi et impossible de mettre la main sur une baguette. Un peu galère, et une bonne leçon pour la suite.

Direction ensuite la chapelle de Clausis. On espérait prendre la navette pour s’économiser quelques kilomètres… mais il est 12h30, et mauvaise surprise : pas de service entre 12h et 16h. Tant pis, on attaque la montée à pied, en plein cagnard, les sacs bien chargés et la fatigue déjà présente.

Petite pause à l’ombre à l’arrivée de la navette, où l’on croise Papy Bernard, venu marcher dans le coin. On repart après une discussion joyeuse pour les dernières centaines de mètres qui nous séparent du refuge de la Blanche.

On plante les tentes juste à côté du refuge. L’endroit est superbe, perché, avec une vue dégagée sur les montagnes. Et surtout, on profite de la formule campeur : accès aux sanitaires, repas du soir et petit-déjeuner au refuge.

Le repas du soir est… impressionnant. Tout commence par une énorme soupière de potage bien chaud, suivie d’une salade fraîche et de pain à volonté. Le plat principal est un risotto aux noisettes grillées et petits légumes, crémeux et parfaitement assaisonné. Puis vient le fromage, généreusement servi, et enfin une tarte aux poires maison, fondante et réconfortante. Et le tout, en quantités à faire pâlir n’importe quel randonneur affamé. Après une journée au soleil, dans la poussière, à grimper avec nos sacs, ce repas chaud, complet et surabondant est un vrai bonheur. Un luxe très apprécié, presque irréel, à 2500 m d’altitude. La douche, un peu fraîche mais salvatrice, vient clore la journée sur une note de confort bien méritée.

Jour 3 – Lacs de la Blanche, Caramantran et bivouacs en pleine nature

Après un petit déjeuner copieux au refuge, on se prépare tranquillement. Le pique-nique du jour est tout aussi impressionnant : pain frais, cake salé, cake sucré, bananes, compote, saucisson, fromage, chocolat, fruits secs… de quoi nourrir une colonie entière.

On quitte le GR58 pour emprunter une variante plus sauvage, afin d’éviter un troupeau signalé plus loin. La montée vers les lacs Blanchets est particulièrement rude. Le soleil tape déjà, les sacs tirent sur les épaules, et les jambes sont encore lourdes de la veille. On évolue dans un paysage de plus en plus minéral, austère mais magnifique.

Arrivés au premier lac, on est saisis par la beauté du lieu. L’eau turquoise contraste avec la roche grise environnante. On poursuit jusqu’au lac supérieur, tout aussi spectaculaire. On y croise quelques randonneurs mais l’ambiance reste calme et contemplative.

La suite nous mène jusqu’au pic de Caramantran (3025 m). Une belle ascension, technique par endroits, avec beaucoup de pierres et des appuis parfois instables — attention aux chevilles. On progresse prudemment, les yeux rivés au sol autant qu’au panorama qui se déploie peu à peu.

Alors qu’on pense la voie libre, un troupeau se dresse soudain sur notre route. Pas de chien en vue, mais la prudence est de mise : on garde Nala en laisse, on ralentit, on contourne, chacun en alerte, dans un silence un peu tendu.

Une fois le passage derrière nous, on reprend notre souffle. Le sommet est proche. Et quelle récompense : c’est notre premier 3000 en famille. En haut, la vue s’ouvre sur les Écrins et l’Italie. Et comme pour couronner ce moment : un vautour fauve nous survole en silence. Louka est fasciné. Il décrétera plus tard que ce fut un de ses meilleurs moments du trek.

Le début de la descente vers le col Agnel est un peu technique, les appuis doivent être précis. On fait une pause au col de la Chamoussière puis au bord d’une rivière pour remplir les gourdes avant d’entamer une dernière montée vers le col Vieux. La fatigue se fait sentir, mais l’idée de passer la nuit en pleine montagne nous motive.

On installe notre bivouac à l’écart, dans une combe paisible, seuls au monde. Il n’y a que le vent, les marmottes et notre petite tribu.

On termine la journée autour d’un lyophilisé mangé sur une grosse pierre, avec vue sur les montagnes illuminées par le soleil couchant. Les visages sont fatigués, mais détendus. Le silence s’installe naturellement, comme une récompense après l’effort. On s’endort tôt, bercés par les premières étoiles et les bruits discrets de la montagne.

Jour 4 – Cascade, troupeaux et descente interminable

Le réveil est un peu plus frais, avec un ciel légèrement voilé et une petite brise qui annonce un changement de temps. On démonte le camp et on reprend la montée vers le col Vieux. L’air est vif et la pente régulièrement… raide. Le paysage qui se dégage reste majestueux.

Arrivés au col, on bascule sur l’autre versant dans un décor plus verdoyant. Rapidement, les lacs Foréant puis Égorgéou apparaissent dans le creux des montagnes. On fait une belle pause pique-nique au bord du lac Égorgéou, installé sur les rochers au pied d’une cascade. Le bruit de l’eau et la fraîcheur ambiante font un bien fou. C’est un moment suspendu, partagé entre repos, observation des paysages et petits échanges avec d’autres randonneurs croisés là.

Mais la suite demande vigilance. La zone est clairement indiquée comme occupée par un troupeau accompagné de chiens de protection. Une information confirmée un peu plus tôt par une randonneuse croisée en chemin, qui marchait elle aussi avec son chien. Aucun moyen de contourner l’itinéraire : il faut passer.

Le sentier plonge progressivement dans une zone plus boisée, où les virages s’enchaînent. Tout à coup, à un détour, un mouton isolé apparaît à quelques mètres du chemin. Réflexe immédiat : on accélère discrètement le pas, Nala est bien en laisse, et aucun patou ne semble l’accompagner. Ouf.

Mais la tension reste palpable. La descente se poursuit, longue, caillouteuse, les chevilles et les hanches sollicitées à chaque pas. Plus bas, on arrive au niveau d’un enclos où le troupeau semble stationné. Là encore, pas de patou en vue. On reste vigilants, silencieux, et on avance calmement.

Et puis, presque en fond de vallée, alors qu’on pense être sortis d’affaire, des aboiements puissants résonnent derrière nous : un patou est aperçu de loin. Par précaution, on s’éloigne rapidement du sentier. L’ambiance se relâche peu à peu, le danger semble écarté. On arrive enfin à La Monta, vidés mais soulagés.

Le camping est simple mais accueillant. Et surtout, le gérant nous prépare un repas chaud : un plat complet servi à table dans une ambiance familiale, sans chichi mais avec le sourire. Une vraie récompense. Le soir, les discussions tournent autour du programme du lendemain. On revoit nos plans : l’étape prévue est trop ambitieuse. Il va falloir s’adapter.

Jour 5 – Pause active et glace au bord du lac

Initialement, nous devions repartir de La Monta pour grimper jusqu’aux lacs du Malrif. Mais avec le cumul de fatigue des derniers jours et un D+ de plus de 1000 mètres à affronter, nous devons nous rendre à l’évidence : ce n’est pas raisonnable. Le but, c’est de rester dans le plaisir, pas dans la souffrance. Alors, on change de plan.

On démarre tard (midi !) pour une courte étape jusqu’à Aiguilles. On est en fond de vallée, le rythme est détendu et l’ambiance bien différente des jours précédents. Le sentier est roulant, avec un changement radical de décor et agréable après les efforts des étapes alpines. On longe le Guil une bonne partie du trajet, dans une atmosphère plus estivale que montagnarde.

À l’arrivée, on pose nos sacs dans le charmant camping Le Gouret au bord d’un lac. Les garçons en profitent pour faire une partie de mini-golf, précédée d’une bonne glace bien méritée. C’est notre journée de « repos », une transition douce avant la dernière ligne droite. On monte les tentes à l’ombre, Nala s’installe.

Le soir, pas de resto ni de ravitaillement possible : ce sera un bon vieux lyophilisé, partagé tranquillement à côté du lac. Une étape plus légère, mais bienvenue dans le rythme du trek.

Jour 6 – Dernière ligne droite et émotions partagées

On hésite encore un peu le matin sur la route à suivre. On veut que cette dernière journée reste un plaisir partagé, pas une contrainte de plus. Alors on tranche : ce sera la voie directe vers Ville-Vieille, en longeant le Guil.

Le sentier est agréable, le rythme détendu. On marche côte à côte, parfois en silence, parfois en échangeant nos ressentis sur ces derniers jours. En chemin, on retrouve des amis croisés à Aiguilles. On partage un repas dans un petit restaurant sympathique tenu par un Belge. L’ambiance est conviviale, les échanges chaleureux. Et pour conclure, les hommes ont droit à un sorbet arrosé au génépi, une touche finale inattendue mais bien appréciée.

On reprend ensuite la route tous ensemble, en famille, pour ces derniers kilomètres. Et c’est dans un coin plus calme, à l’écart du sentier, que Maël, toujours attiré par l’eau, décide de se baigner une dernière fois dans le Guil. Un moment simple, spontané, qui résume parfaitement l’esprit de ce trek.

Une dernière montée nous attend avant le final. Elle est raide mais courte, et l’objectif tout proche nous porte. Puis c’est la descente, sévère pour les jambes mais douce pour le cœur : on aperçoit enfin Ville-Vieille. Et puis, symbole fort, on retrouve la petite fontaine où tout a commencé. Cette fois, on ne remplit plus nos gourdes… mais nos cœurs.

Louka lâche un discret « On l’a fait quand même« , et Maël demande déjà où on repartira. Les regards se croisent. Pas de doute : le virus est là. L’émotion monte. C’est de la fierté, de la gratitude, et une joie discrète mais profonde d’avoir réussi, ensemble.

On rejoint le gîte Les Astragales où nos sacs peuvent enfin être posés pour de bon. Une douche chaude, un bon repas partagé, un vrai lit. Et surtout… une immense envie de recommencer un jour.

Randonner en famille, c’est se (re)découvrir autrement

Ce trek a été l’occasion de voir nos enfants sous un autre jour. On les savait capables, mais ils nous ont souvent surpris par leur solidité : malgré la fatigue, les longues montées, les descentes douloureuses, ils ont tenu. Et surtout, ils ont gardé le sourire. Même l’aîné, habituellement un peu blasé par la nature, s’est laissé happer par la beauté des paysages. Une marmotte, une cascade, un sommet avec vue… il y avait toujours une étincelle dans les yeux.

Ils ont aussi pris leur rôle au sérieux : montage de tente, installation du bivouac, rangement… chacun a trouvé sa place. Et tout cela dans une ambiance souvent joyeuse, légère, presque complice. Ce n’était pas juste « partir avec les enfants » : c’était partager avec eux, vraiment.

Randonner avec un chien, c’est apprendre à écouter autrement

Nala n’a jamais rechigné. Toujours partante, toujours à l’affût, toujours volontaire. Ce qui, connaissant son tempérament, ne nous a pas vraiment étonnés. Mais ce trek nous a rappelé une chose essentielle : même quand tout semble aller, il faut rester à l’écoute.

Un soir, elle semblait nerveuse. Elle aboyait sans raison apparente, tournait un peu en rond. On a d’abord pensé à une alerte, une bête, un bruit… Et puis on a compris : elle voulait juste qu’on lui laisse son coin pour se poser. Elle avait besoin de dormir. Comme nous, finalement.

Le stress lié aux chiens de protection a été bien présent tout au long du trek. Même si nous n’avons jamais croisé de patou de près, la menace flottait toujours. Nous avons dû adapter l’itinéraire à plusieurs reprises. Et pourtant, à chaque passage délicat, Nala est restée calme, concentrée, comme si elle avait compris que le moment n’était pas au jeu.

Et puis, il y avait aussi cette envie irrépressible de courir après une marmotte… Elle n’a jamais pu, bien sûr, mais ses oreilles dressées, sa posture figée, disaient tout. Cette chienne est géniale. Elle nous apprend qu’un trek en famille avec un chien, ce n’est pas seulement le prendre avec. C’est faire attention à lui, le lire, l’accompagner autant qu’il nous accompagne.

Le poids des sacs : un frein… mais pas une fatalité

On le savait dès le départ : partir six jours en autonomie partielle, avec deux ados et un chien, ce n’est pas une mince affaire côté logistique. Pourtant, tout était déjà bien optimisé. Les sacs étaient pensés, pesés, ajustés. Le matériel de secours (trousse, kit de réparation, etc.) n’a pas été utilisé, mais il nous semblait impensable de s’en passer. Et globalement, on avait fait de bons choix.

Alors oui, peut-être qu’on pourra encore gratter quelques grammes ici ou là : une autre popote, un filtre à eau plus compact, une doudoune plus légère… mais on ne gagnera pas 5 kilos d’un coup. Côté nourriture, on avait vu un peu large : trop de barres de céréales, trop de boissons chaudes, et un peu trop de croquettes pour Nala (erreur de calcul et appétit en baisse). Rien de dramatique, mais quelques ajustements seront possibles.

Ce qui est certain, c’est que le poids des sacs s’est fait sentir. Dans les montées, dans les longues descentes, à la fin des journées… il pesait sur le dos, sur les hanches, sur le moral parfois. Il a probablement ralenti notre progression et mangé un peu de notre énergie.

Mais en contrepartie, quelle fierté d’avoir réussi. Quelle satisfaction de voir les enfants se débrouiller avec leur propre équipement. On se dit aussi qu’ils vont grandir, que bientôt ils pourront porter un peu plus, et que l’équilibre se fera plus naturellement.
Peut-être qu’on réduira d’un jour la prochaine fois, pour limiter la quantité de nourriture à emporter. Peut-être pas. Ce qui est sûr, c’est qu’on va continuer à affiner… pour rendre l’expérience encore plus fluide, sans jamais perdre ce qu’elle a de plus précieux.

Les matins, ou comment perdre du temps sans (trop) s’en rendre compte

Ce ne fut jamais un vrai sujet de tension, mais il faut être honnête : les matins étaient… lents. Le pliage des tentes, le rangement des sacs, la préparation du petit-déjeuner… tout prenait du temps. Beaucoup de temps. Et même si tout se faisait dans une ambiance plutôt tranquille, ce rythme un peu nonchalant avait une conséquence : on partait souvent tard, et on arrivait parfois un peu trop juste pour vraiment profiter du bivouac ou de la fin de journée.

On n’avait pas défini de rôles précis. Chacun aidait, mais un peu comme ça venait. Parfois, ça roulait tout seul. D’autres fois, c’était un peu désorganisé. Et puis il faut dire les choses comme elles sont : à part moi, la famille n’est pas franchement du matin. Ce décalage m’a mis un peu sous pression certains jours. Rien de grave, mais je sentais que ce temps qui filait le matin risquait de nous manquer plus tard.

Je pense qu’un peu d’entraînement, une organisation plus claire et peut-être même un horaire de départ commun pourraient vraiment changer les choses. Sans faire du trek un camp militaire, on peut sûrement gagner en efficacité — et donc en plaisir — avec quelques ajustements simples.

Ce qu’on aurait aimé vivre un peu plus…

On ne va pas se mentir : les bivouacs, c’est ce qu’on attendait avec le plus d’impatience… et ce qu’on a le moins savouré. Observer les étoiles, profiter de la lumière du soir, partager un moment calme après la journée de marche — tout ça faisait partie du rêve. Mais entre les arrivées tardives, le montage du camp, la fatigue accumulée… le corps disait stop avant les yeux.

Ce n’est pas un raté, mais un constat. Tout était réfléchi, bien préparé, pensé pour que ça fonctionne. Et ça a fonctionné. Mais pour vraiment profiter de l’après-marche, de ce qui fait le sel du bivouac, il nous a manqué un peu d’énergie… et peut-être une meilleure marge de manœuvre.

Alors pour la suite ? Plus d’entraînement, encore un peu plus d’organisation, des sacs un poil plus optimisés. Pas pour « gagner » du temps. Mais pour s’en offrir. Pour pouvoir ralentir, observer, lever la tête. Et rester plus longtemps ensemble, dans ces instants suspendus où la montagne se tait, et où on se rend compte qu’on a réussi quelque chose de beau.

Conseils concrets pour familles et maîtres randonneurs

Randonner en famille : trouver son propre rythme

Trekker à quatre, ce n’est pas avancer au même rythme. Il y a des moments où les ados donnent le tempo, d’autres où ce sont les adultes qui prennent plus leur temps. L’essentiel, c’est d’apprendre à s’écouter les uns les autres, à s’ajuster en fonction de la forme du jour, sans pression.

On avance ensemble, et c’est bien ça le plus important. Ce n’est pas une course, mais une aventure commune. Et c’est ce qui en fait la richesse.

Avec un chien : anticiper, observer, adapter

Toutes les régions ne sont pas ouvertes aux chiens, même tenus en laisse. Renseignez-vous bien à l’avance : les parcs nationaux et certaines réserves naturelles les interdisent.

Dans notre cas, nous avons aussi fait attention aux zones de pâturage avec chiens de protection. L’anticipation (cartes, infos locales) est essentielle pour adapter l’itinéraire au besoin.

Côté matériel, notre chienne portait une petite charge dans ses sacoches, mais pas ses croquettes, contrairement à ce qu’on nous a souvent demandé. Le risque étant qu’elle soit distraite par l’odeur, même si elle n’est pas particulièrement gourmande. Elle transportait une gourde d’eau propre, une gourde d’eau grise, le filtre à eau, ses gamelles et une petite loque en microfibre, utile pour la sécher (ou la rafraîchir) si besoin. Les croquettes, quelques friandises, une mastication (qu’elle a boudée) et son tapis de sol pour la nuit étaient dans nos sacs. Toujours dans l’idée de respecter son rythme… et son confort.

Nous avons été très satisfaits de son harnais avec sacoches, un Ruffwear Approach Pack. Seule une tirette s’est détachée en fin de trek, mais cela peut arriver, et le service après-vente a été très réactif : un remplacement a été proposé sans difficulté. Si c’était à refaire, on envisagerait peut-être un modèle avec sacoches amovibles, si cela existe, pour plus de flexibilité lors des pauses ou sur certaines portions techniques.

Côté matos : viser l’essentiel

Nous avions déjà optimisé pas mal de choses, mais comme souvent, on emporte un peu trop : quelques barres, trop de croquettes, des extras pour les boissons chaudes. Rien de dramatique, mais ça pèse.

L’essentiel reste d’avoir testé le matériel avant (sac, matelas, réchaud…), d’avoir une trousse de secours et de réparation complète (même si on ne l’a pas utilisée), et de ne pas trop se charger « au cas où ».

Chaque famille aura ses priorités, mais on retient que voyager léger, c’est aussi voyager mieux.

Bivouaquer simplement, mais proprement

Choisir un bon endroit pour la tente change tout : plat, pas trop exposé au vent, pas dans une cuvette. Arriver un peu plus tôt permet aussi de profiter du lieu et de la lumière du soir.

Respecter les lieux, ne rien laisser, rester discret… Ce sont des règles simples mais fondamentales.

Bien dormir dehors, c’est aussi ce qui rend la marche du lendemain plus facile.

La préparation, ça change tout (ou presque)

Un trek court avant le départ nous a vraiment aidés à prendre confiance, à tester le matériel et à apprendre à mieux fonctionner ensemble. Avec le recul, un peu plus de préparation physique n’aurait pas été superflu pour aborder certaines étapes avec plus de légèreté.

On n’avait pas de programme rigide, mais on connaissait bien les alternatives en cas d’imprévu. Cette souplesse nous a permis de modifier l’itinéraire sans frustration.

Ce n’est pas une science exacte. Mais un peu de préparation, un peu de confiance et beaucoup d’écoute, ça fait déjà une belle base.

L’itinéraire complet (et nos traces jour par jour)

Voici l’itinéraire détaillé de notre boucle de 6 jours dans le Queyras, en partant de Château-Ville-Vieille. Un itinéraire pensé pour découvrir une belle diversité de paysages, en autonomie partielle, et en tenant compte des contraintes liées à un trek en famille… et avec un Border Collie.

Pas de performance ici : juste l’envie de savourer chaque ambiance, chaque sommet, chaque replat herbeux. Les distances sont raisonnables, les dénivelés parfois costauds, mais toujours faisables avec un bon minimum de préparation.

Jour 1 – De Château-Ville-Vieille à Pierre-Grosse

Distance : 9,93 km
Dénivelé : +727 m / -208 m
Durée : 5h24
Résumé : Un joli départ à travers la forêt, des points de vue dégagés au fil de la montée, et une ambiance très bucolique pour commencer l’aventure.
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Jour 2 – De Pierre-Grosse au lac de la Blanche

Distance : 12,59 km
Durée : 7h22
Dénivelé : +777 m / -179 m
Résumé : Une étape très alpine avec une montée soutenue, des marmottes en pagaille, une traversée de Saint-Véran et une fin de journée au bord d’un magnifique lac.
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Jour 3 – Du lac de la Blanche au col Agnel

Distance : 7,05 km
Durée : 8h08
Dénivelé : +606 m / -464 m
Résumé : Une montée exigeante vers les lacs Blanchet, une incursion au sommet du pic Caramantran (3000 m) et une descente vers le col Agnel. Ambiance minérale garantie.
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Jour 4 – Du col Agnel à La Monta

Distance : 12,03 km
Durée : 5h59
Dénivelé : +231 m / -1227 m
Résumé : Une très belle journée de descente, entre lacs de montagne, cascades, forêts et zones de pâturage. On finit au fond de la vallée, dans un petit camping tranquille.
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Jour 5 – De La Monta à Aiguilles

Distance : 8,41 km
Durée : 2h58
Dénivelé : +127 m / -255 m
Résumé : Une étape plus champêtre pour souffler un peu. On traverse la vallée, on longe le Guil, et on s’accorde un mini-golf et une glace au bord d’un petit plan d’eau.
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Jour 6 – D’Aiguilles à Château-Ville-Vieille

Distance : 9,64 km
Durée : 4h34
Dénivelé : +242 m / -367 m
Résumé : Dernière montée, dernier panorama, dernière baignade pour Maël… et dernier sourire en croisant la fontaine du premier jour. Un final en douceur pour une belle boucle.
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2 Réponses

  1. Merci pour ce beau partage de votre trek, il m’a donné envie de tenter l’expérience l’été prochain avec Vasco, mon berger américain !
    Si tout se passe bien, je me lancerai, et je n’hésiterai pas à vous demander quelques conseils.
    Bravo aux garçons ! Travaillant moi-même avec des ados, je trouve formidable de voir des jeunes aussi motivés pour vivre des vacances de cette manière, surtout à l’heure des générations actuelles.
    Ce sont exactement ces instants-là qui laissent les plus beaux souvenirs… bien plus précieux que ceux passés devant un écran !

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